En janvier 1944, c’est sur le plateau des Glières que Théodose Morel, dit Tom Morel, s’installe avec 120 maquisards. Il adopte la devise « Vivre libre ou mourir » et forme son bataillon en vue de livrer les combats de la Libération. Remarquable meneur d’hommes, Tom Morel organise de nombreuses opérations contre les miliciens et les Groupements Mobiles de Réserve de la police de Vichy (GMR), face auxquels il s’illustre par son courage et son abnégation.
Le 9 mars 1944, Tom Morel décide de lancer un assaut de grande envergure contre l’Etat-major du GMR-Aquitaine, à Entremont. Le commandement du GMR n’avait pas respecté son engagement à l’égard de la Résistance en ne libérant pas un maquisard détenu, alors que trente des leurs avaient été relâchés. Dans la nuit, plus d’une centaine de maquisards participent alors à l’opération et l’un des groupes, dirigé par Tom Morel, parvient à pénétrer dans l’Hôtel de France, siège de l’Etat-major des GMR.
<- Ancien Hôtel de France ->
Les maquisards désarment leurs prisonniers, mais le commandant Lefèbvre, chef des GMR, parvient à brandir un pistolet qu’il avait dissimulé. Il tire alors à bout portant sur Tom Morel qui s’effondre, mort sur le coup d’une balle tirée en plein cœur. Il avait 29 ans.
Le corps du lieutenant Théodose Morel est alors porté par ses hommes sur le plateau des Glières où il est enterré lors d’une cérémonie religieuse. Le 2 mai 1944, la dépouille est redescendue dans la vallée ou elle repose désormais au cimetière militaire de Morette, près du lieu que Tom Morel appelait lui même « le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ».
En lui décernant à titre posthume la Croix de la Libération, le 5 novembre 1944, le Général De Gaulle dira de Tom Morel qu’il « restera dans l’épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l’un des plus prestigieux martyrs de la Savoie ».
Dans l’histoire de la Résistance, Tom Morel reste comme le symbole et le représentant des près de 130 Maquisards tués lors du combat des Glières.
Le 5 novembre 1944, Tom Morel est nommé Compagnon de la Libération à titre posthume par le général De Gaulle.
L’ordre de la Libération a été créé dans le but de récompenser les personnes ou les collectivités militaires ou civiles qui se sont illustrées lors de la Libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Deuxième ordre national français après celui de la Légion d’honneur, l’ordre de la Libération ne fut discerné qu’à un nombre très restreint de personnes pour les récompenser de leurs faits dont l’héroïsme et l’exemplarité ont contribué à la libération de notre pays.
En le nommant Compagnon de la Libération, le général De Gaulle dira de Tom Morel:
« Déjà fait chevalier de la Légion d’honneur à vingt-quatre ans pour avoir capturé une compagnie italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance, s’est lancé lui-même corps et âme dans la lutte contre l’envahisseur, agissant tour à tour comme camoufleur de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par l’ennemi, s’est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard. Sans armes, a attaqué en combat singulier un officier allemand qu’il a réduit à l’impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l’âme de la Résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après avoir enlevé d’assaut le village d’Entremont, a été assassiné lâchement au cours d’une entrevue qu’il avait demandée à ses vaincus pour épargner une effusion inutile de sang français. Restera dans l’épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l’un des plus prestigieux martyrs de la Savoie. »
Le souvenir de la nuit tragique du 9 au 10 mars 1944 au cours de laquelle Tom Morel fut assassiné est commémoré chaque année à Entremont.
En mémoire de Tom Morel, le groupe scolaire d’Entremont porte son nom.